Un vélo à traction directe

La traction directe (TD), c'est en pratique ce qu'il y a de plus simple à réaliser, pas de poulies de renvoi de chaîne, moins de pertes en transmission, moins de poids, et un contrôle plus dynamique du pédalage avec la direction (selon les arguments du fabricant Cruzbikes).

Le RaltopTD
Il se trouve que j'ai deux cadres de 26" qui feront bien l'affaire (même si d'ordinaire, les TD sont souvent montés en roues de 700). Il suffit de découper un train arrière pour le souder à une fourche avant. Pour que ça colle, il faut un peu écarter cette dernière (un coup de scie, écartement en force et soudure sur chaque branche).
J'utilise la tige de selle pour faire une bôme de raccord entre le pédalier et le cintre, via le tube de direction.

construire un velo a traction directe Premières découpes.

J'ai modifié deux potences pour faire ce raccord (il se trouve qu'elles étaient au même diamètre que les tubes de selle que j'ai soudés bout-à-bout pour la bôme).
Donc, une potence laisse la bôme coulisser pour le réglage ou le démontage du jeu de direction (et de la partie avant), tandis que l'autre reçoit le cintre.

construire un velo a traction directe assemblage de la bôme pour voir, avant soudure des potences.

Ensuite, décider d'un angle de direction (environ 65°) et cintrage du tube inférieur par découpes multiples et pliage avant de tout ressouder.

construire un velo a traction directe Découpes du tube et courbure vers le bas.

construire un velo a traction directe Le tube après soudure.

Ensuite, pour le reste du vélo, je choisi un empattement de 120cm pour avoir une certaine marge de réglage du siège, et prépare un tube de liaison entre l'arrière et le tube inférieur. Le tout aligné sur un semblant de marbre avant soudure.

construire un velo a traction directe Décider l'empattement et tout aligner sur un marbre.

Un tube de renfort est nécessaire, et puis vient la fixation du siège, pour cette fois, quelque chose de réglable, en distance et en inclinaison, donc des rails et un pivot. Des équerres d'étagères font très bien l'affaire.

construire un velo a traction directe Supports de siège réglables.

construire un velo a traction directe Rails de supports de siège avec pivot.

Enfin, le cadre ressemble à quelque chose.

construire un velo a traction directe Vue d'ensemble du cadre et des fixations du siège.

Je monte un pédalier et une chaîne histoire de faire quelques tours de roue. La prise en main n'est pas trop évidente (surtout que je n'ai pas encore bien fixé le siège), mais bon, ça roule et je pense que je vais pouvoir peaufiner l'ergonomie en mettant un guidon recourbé.

construire un velo a traction directe Le RaltopTD brut de soudure.

construire un velo a traction directe Un guidon à rallonges pour garder les mains en bas.

construire un velo a traction directe Une vue d'ensemble avant peinture.

Mes essais, même sans cables et freins, sur le plat, ont été assez convaincants. Ils m'ont permis de valider la position du siège et du guidon. Ça louvoie un peu au pédalage, mais je suis sûr qu'il y a moyen de compenser au guidon ou avec les hanches.

construire un velo a traction directe Deux couches de peinture glycero au gros pinceau.

construire un velo a traction directe Le RaltopTD dans toute sa splendeur.

Les dimensions du bestiau:
Empattement: 120cm
Hauteur d'assise: 53cm
Hauteur du pédalier: 60cm
Angle de la direction par rapport au sol: 67°
Chasse (écart entre la projection au sol de l'axe de direction et l'axe de la roue avant): 5cm
Entrejambe (distance entre l'assise - axe de pédalier): 91cm
Distance entre l'axe de roue avant et l'assise: 55cm
Distance entre l'axe de roue arrière et l'assise: 65cm

Mes premiers essais sur une dizaine de kilomètres (siège incliné à 35°) m'ont donné de bonnes sensations, même si le siège est finalement un peu court.
J'avais d'abord réglé le siège au plus proche de la direction (mais trop court pour mes jambes). Ensuite, pour être confortable avec une entrejambe de 91cm, j'ai dû reculer le siège à environ 30cm de l'axe de la colonne de direction, ce qui je pense, m'a fait perdre en maniabilité/réactivité et peut-être aussi en stabilité (un peu plus de louvoiement).

Le plus frappant, c'est que quelque soit la vitesse, on gagne nettement en stabilité à partir d'une certaine cadence de pédalage.
Au démarrage, il vaut mieux bien contrôler le guidon en contrant l'effet du pédalage, mais une fois la cadence de croisière atteinte, il n'y presque plus de guidonnage, on peut piloter d'une main.

Et d'un appui à l'autre, on peut presque corriger les effets de guidonnage, ce qui me fait penser qu'avec un peu plus d'habitude, le vélo pourrait se piloter sans les mains.